La traversée du désert ou l’abstinence terrible

Vous savez que votre relation est sur sa fin, vous attendez de voir qui de vous deux va prendre la décision de mettre fin à cette mascarade, et baisez comme des chèvres (comment ça c’est pas la bonne expression?) car vous savez que bientôt, ce sera abstinence. D’ailleurs, vous l’aurez remarqué, le sexe est toujours ouf en début ET en fin de relation. Surtout en fin, quand on sait qu’il n’y a plus rien à sauver. Qu’on se connaît. Quand on se lâche complet.

Etape 1 : la post-rupture

Vous venez de le/la larguer, ou de vous faire larguer, quoiqu’il en soit c’est le temps des larmes. Oui, on le sait, même ceux qui sont à l’origine de la rupture ne sont pas des méchants, ils peuvent tout autant souffrir que ceux qui se font quitter. Bref, c’est le moment des cris, des pleurs, de l’intégrale Sex and the city combo ultime Grey’s anatomy. Votre clito est parti prendre des vacances, retrouver des couleurs normales – le rouge tomate gonflé il a donné c’est bon (en fait vous avez la même tête), et votre vagin est parti se réhydrater. Ne pas déranger.

Etape 2 : le cap des 3 mois.

L’amour dure 3 ans, les 3 mousquetaires, les 3 petits cochons, la règle de 3, bref, c’est le cap des 3 mois. C’est le moment où votre clito rentre de vacances et que votre vagin est rentré de sa cure thermale, et eux qui ne voulaient plus entendre parler d’une quelconque solliciation, et bien comme les mamans qui fêtent les 3 mois de leurs bambins, ils veulent retourner au charbon! C’est le moment où, alors que vous pensez encore à votre ex et lui souhaitez tout le malheur du monde (il manquerait plus qu’il trouve le bonheur avec quelqu’un d’autre comme vous! On croit rêver!), vous vous mettez à vous réveiller en sueur la nuit, le doigt sur votre clitoris. Vous commencez à faire des sous-entendus coquins à tous vos collègues de travail, hommes et femmes compris. Vous lancez des regards libidineux au stagiaire de la compta dans l’ascenseur, vous avez chaud, bref, vous êtes EN MANQUE. Et c’est normal! Le sexe est à l’origine de la production de bien des hormones de plaisir, 3 mois que vous êtes en sous-production (oui parce que vous déprimez, quand est-ce que Mr Big va comprendre que Carrie est la femme de sa vie, merde!), c’est la merde totale. Deux écoles sur le chemin de la terrible abstinence : la prise de stupéfiants et l’inscription sur Tinder. Nous déconseillons fortement le cumul de ces deux options, l’ensemble conduisant généralement à la déclaration de mycoses et autres réjouissances dues à du sexe non protégé sur les matelas visqueux des alcôves du Panorama Bar.

Etape 3 : Tinder m’a tuer

C’est le quatrième mois, vous avez reçu 356 messages, 289 superlikes, avait parlé à 26 mecs, eut 4 dates et une fois du sexe qui fut particulièrement décevant. Votre pouce vous fait mal à force de switcher vers la gauche, vous avez reconnu le sexe de 3 mecs dans le sauna de votre salle de sport, on vous a fait plusieurs clins d’oeil dans la rue qui signifiaient qu’on vous avait reconnue (mmmm sunnygirl22 comment ça va?) et vous avez confondu 2 fois la messagerie Tinder et la messagerie Facebook, source d’humiliations conséquentes. Vous désinstallez Tinder, résignée, déçue, toujours en manque et pensez qu’au fond, on est jamais mieux servie que par soi-même. Et par les potes des copines. Vous vous êtes enfin remise de la rupture et vous sentez prête à ressortir dans le monde réel. Ca tombe bien, il y a une soirée au Week-end samedi et les potes de l’agence de mannequin de votre copine Ella (que vous détestez, dans vos rêves vous avez déjà découpé ses jambes à la tronçonneuse pour vous les coller) ont prévu d’y aller.

Etape 4 : Allez-y, je prends n’importe qui

Nous nous situons désormais dans la phase 6 mois et +. Tinder n’a pas marché. Les soirées en boîte n’ont pas marché. Se mettre minable dans un bar n’a pas marché non plus. Vous êtes sur les dents, vous pensez au sexe tout le temps mais vous ne voulez plus du rapide, là il vous faut du bon. Un truc vrai, fou, cochon, un mec, une fille qui va assurer sa race, qui ne vous fera pas regretter d’avoir attendu si longtemps. D’ailleurs il faudrait faire vite car votre potentiel séduction décroît dangereusement, la faute aux 2 plaquettes de chocolat que vous vous enfilez chaque soir devant Girls (meilleure série de tous les temps). Résultat, vous vous êtes remise à envisager n’importe qui. Vous trouvez que finalement, le front dégarni du responsable produits frais à Carrefour c’est plutôt sexy. Que les tatouages ratés de votre coiffeuse chez Tchip sont plutôt hot après reflexion. Que la voix de votre conseiller BNP vous excite grave. D’ailleurs il ne serait pas en train de faire des sous-entendus graveleux avec ses histoires de « placements intéressants »? Votre clito fait un burn-out. Vous avez mal au ventre à force de vous masturber trois fois par jour. Vous ne prenez même plus la peine de ranger votre sex toy dans sa boîte secrète, il reste là, sur votre table de nuit, dressé de toute sa fierté. Vous en avez acheté un deuxième pour la douche. Et un troisième qui fait aussi antenne de réception près de la télé sur votre bureau. Vous êtes à la tête de trois blog érotiques, on vous paie pour essayer des godemichets de toute sorte, vous êtes à deux doigts (haha) de vous lancer dans l’aventure chat-roulette.

Etape 5 : O rage, O désespoir, O jachère ennemie!

Ca va faire un an. Un an sans sexe. Vous vous sentez encore plus mal que pour vos trente ans. Vous êtes vieille, ridée de l’intérieur. Vous vous dites que ça ne marchera plus jamais. La mécanique est enrayée. Huile et salive n’y feront rien, votre désert sexuel vous a définitivement asséché. Vous ne sortez plus. Vous faites des puzzles en regardant les annonces du vétérinaire qui cherchent à placer des chatons. Vous n’êtes pas allée au festival du film porno le mois dernier. Vous supprimez un à un les signets « escort boy » que vous aviez enregistrés mais que vous n’avez jamais eu le courage d’utiliser. Vous avez épuisé votre imagination et supprimé vos blogs érotiques. Vous suivez des tutoriels de crochet sur youtube en écoutant Charlotte Gainsbourg dont les murmures ne vous font plus aucun effet. Vous mourrez à petit feu, et ça ne peut plus durer.

Il est temps de relire cette définition, tirée du Larousse:

Jachère:

Terre non ensemencée, subissant des labours de printemps et d’été pour préparer les semailles d’automne.

Terre non cultivée temporairement pour permettre la reconstitution de la fertilité du sol.

Ce n’est que TEMPORAIRE, vous préparez les semailles d’automne, travailler à la reconstitution de votre sol. Tout ça pour voir fleurir de merveilleux rosiers et pousser de savoureux légumes. Laissez votre petit abricot tranquille, c’est promis, l’aubergine est en chemin. Et elle sera bien meilleure cette année-là, vous allez voir.

Illustration : Flickr – Licence CC – Allen

Publié originellement le 08/11/2017

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *