Ode aux menstruations

Il y a un fléau qui revient de manière inéluctable, comme une épée de Damoclès vous rappelant, si besoin était, que la vie est un chemin de Croix. Les impôts mononucléose menstruations. Et pourtant, après moult réflexions sur le sujet, nous sommes arrivées à cette surprenante conclusion : il faut apprendre à les aimer. Alors certes, elles en ont ruinés des vêtements et des journées à vous rouler dans votre lit en position fœtale, fantasmant sur la possibilité de vous ouvrir le bide et d’arracher d’un coup toute la bidoche superflue. Elles vous en ont occasionnés des moments où vous pensiez que votre corps partait littéralement en charpie, après avoir découvert des morceaux de viandes sanguinolents dans la cuvette des chiottes. Et que de relations sur la sellette parce que vous êtes malencontreusement sortie des toilettes avec le tampon sacrilège soigneusement enveloppé, mais tout de même visible, à la main et que monsieur a bien failli friser la syncope – il vous en parle encore, argument massue à la moindre pointe d’engueulade ! Mais remettons les choses à leur juste place. Ce n’est que du sang, bordel. Vous savez, ce truc vital à la mythologie sexuelle on ne peut plus développée ? Et parce que les montrer comme sales, dégradantes ou signe d’impureté est aussi un moyen de dépréciation et de contrôle de notre petit corps féminin déjà assez malmené, nous allons lister les principales raisons de les glorifier. Elles ne sont pas nombreuses, mais la qualité prime sur la quantité.

1) Tout d’abord – et nous pourrions nous arrêter à ce premier argument – elles vous rappellent que, malgré le catalogue de conneries dressées pendant le mois, malgré vos nombreux écarts de conduite sexuels, la pilules que vous avez confondue avec une vague cousine rose aux effets psychotropes bien différents, les planètes et le stérilet qui s’alignent mal, l’utilisation quelque peu dilettante de préservatif… Vous n’êtes pas enceinte. Oui madame, peut-être que votre utérus cultive une forme hybride de MST après la diversité des cultures auxquelles vous l’avez exposé, mais un môme n’en est pas une. Et c’est déjà ça. Mic Drop.

2) Pour celles qui n’auraient pas la chance d’être lesbiennes : parce qu’elles sont un baromètre de mesure qualitative de votre keum quasi infaillible. Elles vous permettent de déterminer en moins de quelques minutes si vous êtes tombée sur un véritable bonhomme qui vous aime – même momentanément -, un Indiana Jones du cul, une perle rare avec laquelle vous allez pouvoir construire une relation sexuelle durable, et pas une baltringue hourdée de mommy issues. Comme me l’a un jour confié une amie : “on est en plein préliminaire, le mec commence à descendre. Manque de bol, j’ai mes règles. Du coup, j’essaie d’euphémiser en marmonnant: “J’ai un tampon.”, tu vois le malaise. Et bien figure-toi que ça ne l’a pas arrêté, bien au contraire. Il me regarde, se marre, continue à descendre en répondant: “T’as peur que je joue avec ?”. On a dû s’arrêter parce que j’en pouvais plus de rire. Je me suis dit que ça allait durer comme relation.” (R. et R., en couple depuis 4 ans).

3) Vu que, malgré l’adage, il semblerait que l’on soit bien « venu.e ici pour souffrir » : la douleur des règles vous rappelle que vous êtes mortelle, elle vous endurcit, vous prépare à la vie. Elle a deux conséquences non négligeables : outre la rédemption de nos pauvres âmes féminines impies face au péché originel, elle vous gardera de vous sentir à l’article de la mort au moindre rhume. Parce que VOUS, vous savez ce que c’est d’en chier.

If men had periods:

4) Elles sont un prétexte parfait à vos sauts d’humeur. Paraîtrait-il que du fait des hormones et de l’inclinaison féminine pour la sensiblerie et le lunatisme hystériques, les femelles seraient particulièrement émotives pendant leurs règles. Avoir un générateur de décharges fou placé dans le bide ne met bizarrement pas dans les meilleures dispositions à la bonhomie. Messieurs, si vous ressentiez de tels maux, parions que vous ne seriez pas non plus d’une amabilité délirante (d’ailleurs ce n’est pas vrai. Comme l’a prouvé une chercheuse/artiste japonaise, si vous aviez les mêmes douleurs, vous seriez en train de chialer votre race, cassés en 18. Vous seriez probablement morts). Mais bon, plutôt que de vous plaindre de ces remarques, mesdames, tournez-les à votre avantage. Vous ne voudriez pas donner tort à l’adage voulant que vous soyez bien plus chiantes qu’à l’accoutumée pendant vos menstruations. C’est le moment où votre surmoi peut se casser en vacances et donner le champ libre à toutes les névroses que votre petit cerveau de multipolaire ultrasensible a accumulées. Laissez tomber la façade de la meuf cool. Lâchez-vous. Insultez, frappez, crisez, boudez, vannez, courez, exigez, roulez-vous par terre, pleurez, riez, riez, riez. Le monde vous pardonnera ; après tout, « vous avez vos règles ».

5) Elles peuvent décupler le plaisir sexuel. Votre keum a décidé de faire sa mijaurée fondamentaliste et de ne pas toucher votre corps impur pendant cette période ? Pas grave, masturbez-vous. Non seulement ça calme les crampes, mais tout le bazar étant hyper sensible, vous pourriez atteindre des nirvanas insoupçonnés – et enfin comprendre qu’il est tant de larguer les amarres avec votre Ken. Que demande le peuple ?

Source photos : Tumblr & Instagram

Publié originellement en mars 2016