Georg

J’ai rencontré Georg au restaurant. Il était assis à la table 7 avec trois amis à lui. J’ai été leur serveuse toute la soirée, et chaque fois que je venais demander si tout allait bien, je ne pouvais quitter Georg des yeux. La quarantaine, cheveux gris-blonds coupés très courts, yeux bleus, nez aquilin. Il doit être norvégien ou un truc du genre m’a dit une collègue.

En effet, Georg et ses amis ne parlaient pas allemand.

Georg est venu me trouver au bar peu avant que nous prenions notre pause dîner. Il était donc minuit moins dix, quelque chose comme ça.

« C’est mon anniversaire dans quelques minutes, tu peux nous apporter une bouteille de champagne ? »

Ma collègue s’est mise à enchaîner de son anglais parfait : « Vous ne voulez pas plutôt des schnaps » blablabla. Je boudais dans mon coin, qu’est-ce qu’il lui prenait ? J’avais pourtant passé la soirée à dire à tout le monde que je comptais bien donner mon numéro au blond de la table 7.

Il retourne s’asseoir, je fais les gros yeux à ma collègue qui me laisse tout de même leur apporter le plateau. Je dépose les verres sur leur table à minuit pile et puis pars manger. Je n’ose pas ajouter mon numéro de téléphone…

Une heure plus tard il me demande l’addition. Ma collègue me tend un stylo pour inscrire mon numéro, mais non, je ne le sens pas. Par contre –on avait bu un peu au repas–, une fois arrivée près de la table, voyant ses amis enfiler leur manteau, je ne résiste plus.

« Je voulais te dire… Bon anniversaire ! Et puis… bon ben voilà, je te trouve hyper séduisant !

-Oh ! Wah ! Justement, je venais de dire à mes amis à quel point je te trouvais ravissante… Mais…

Mais je suis bien trop vieux pour toi, et puis… »

Et puis il regarde son alliance à son doigt.

Je souris, il se lève, dépose un baiser sur ma joue. En fond sonore j’entends les sifflets de mes collègues survoltés, quelle bande de gamins parfois ! Il part.

Je retourne ranger le repas pendant que mes crétins de collègues partent fumer sur le trottoir. Il faisait chaud, très chaud ce soir-là. Je m’étonne du charisme sexuel de ce mec. On a échangé quoi, une dizaine de mots tout au plus, mais il a éveillé une flamme en moi. Alliance ou pas, je l’aurais suivi n’importe où ce soir-là.

« Hey ! »

Je manque de lâcher la pile d’assiettes. J’étais seule dans le restaurant, il n’y avait même plus de clients.

« Oh, hey ! » Derrière lui mes collègues font des grimaces à la vitre.

« Tiens, c’est mon numéro. Envoie-moi ton adresse, je passe te chercher demain matin si ça te dit. Tu travailles à quelle heure ?

-Euh… demain, à dix-huit heures.

-Je ferai en sorte que tu sois de retour à dix-huit heures ok ? »

J’étais complètement figée, je devais même avoir la bouche ouverte. Si je n’avais pas vu ma collègue exploser de rire derrière la vitre du restaurant, j’aurais pu rester encore comme ça des heures durant.

« Ok, oui ok. »

« Super, à demain jolie serveuse. »

Jolie serveuse ? Je me prenais dans la gueule le cliché que j’incarnais en ce moment-même. Mon legging, mon tee-shirt noir moulant, mon rouge à lèvres et mes vingt-cinq ans… Ses cheveux grisonnants, son alliance, son corps bien foutu, ses quarante-trois ans.

On a fini la soirée, j’étais rouge tomate. Impossible de redescendre.

Je n’ai pas donné mon adresse à Georg, je ne suis pas folle. Enfin pas à ce point… Je lui ai demandé où le rejoindre. Il m’a donné l’adresse du palace le plus cher de Berlin. J’ai cru à une blague, et puis je me suis rappelée sa façon de procéder la veille, et le montant de l’addition. Non, ça ne devait pas être une blague. J’ai passé la matinée à enfiler des fringues et les enlever en me disant que c’était n’importe quoi et que je n’allais pas être cette fille de vingt-cinq ans qui allait retrouver un quarantenaire marié pour baiser dans un hôtel de luxe.

Ça m’a frappé tout d’un coup : est-ce qu’il pensait que j’allais lui demander de l’argent ? Ça arrivait régulièrement avec des clients asiatiques, des hommes d’affaire. Il me demandent mon prénom et me donnent l’adresse de leur hôtel en glissant un billet dans ma main…

Est-ce que c’était ça ? Je me suis précipitée sur mon téléphone et j’ai demandé l’avis de mes collègues. Non, il veut juste passer du bon temps, et vu que tu étais hyper intéressée, il en profite, t’inquiète il t’a pas prise pour une pute.

Bon. Alors s’il ne m’a pas prise pour une pute, pourquoi je n’irais pas baiser avec lui dans des draps de soie hein ! Je n’arrive même pas à sourire à mes blagues. Je suis stressée je crois. Je suis stressée parce qu’il me plaît vraiment. Même s’il est clair et net que rien ne ressortira de tout ça, c’est un après-midi comme ça, dans l’été, comme on peut en avoir à tout moment en sortant de club ou d’un bar. C’est juste que c’est programmé. Ça me change, tiens, de ne pas faire dans la spontanéité.

Je me rends donc à l’adresse indiquée. La réceptionniste m’indique le douzième étage, chambre 1202. Je prends l’ascenseur, je tremble, littéralement. Je tape à la porte. Il ouvre.

« Hey ! Ça va, t’as trouvé facilement ? »

Compte tenu du gigantisme de l’hôtel qui occupe toute la rue, je me contente de sourire.

Ça te dit qu’on monte sur la terrasse prendre un verre ?

« Ah euh… oui ! »

Cette fois je souris pour de vrai, bien contente de commencer par prendre un verre.

On monte sur le toit-terrasse de l’hôtel. Un bar, un barman, des tables, des chaises à l’ombre de parasols, et une immense piscine à débordement.

« Ok…… »

Dans le genre « tu ne l’avais pas vu venir celle-là », on tape haut.

On commande deux cocktails, il n’y a personne d’autre que nous. Devant mon regard interrogateur, Georg m’informe sur le ton de la conversation :

« J’ai réservé la terrasse, histoire qu’on soit tranquille. »

Je manque recracher mon cocktail.

J’apprends ainsi que Georg, 43 ans, et ses trois amis sont en fait un groupe de rock hyper connu en Scandinavie, et que Georg est donc millionnaire. Qu’il vient de divorcer, et qu’il joue à Berlin ce soir à la Mercedes-Benz Arena, que c’est bien dommage que je travaille, il m’aurait filé des tickets VIP.

Cette fois je n’avale plus rien, je me contente de le fixer, le regard vide.

« Ça ne t’embête pas que j’aille me rafraîchir dans la piscine, il fait vraiment chaud ! »

« Euh non… »

Sur ce, il attrape ma main, l’embrasse « ça me fait vraiment plaisir que tu aies pu te libérer cet après-midi. Dix-huit heures au boulot c’est ça ? » J’acquiesce. Je le suis du regard. Il enlève son tee-shirt, le jette sur un transat, retire son jean. Il porte déjà son maillot. Je me dis qu’il aurait pu mentionner la piscine dans l’invitation, j’aurais pris le mien ! Il plonge dans l’eau claire. Je viens m’asseoir au bord de la piscine.

« Tu ne veux pas venir ? Elle est super bonne. »

« C’est que… je n’ai pas de maillot. »

Il éclata de rire et pose son regard sur ma poitrine. Un regard insistant. Franchement hot.

Je réalise que si l’on se fie au programme, il me verra nue dans moins d’une heure donc bon… Je me lève, dénoue les liens de ma robe, la laisse tomber à mes pieds. Je me retrouvais en culotte et plonge à ses côtés. Je n’ai pas le temps de remonter à la surface qu’il m’a attrapée. Une main ferme. Douce et ferme à la fois. Il me plaque contre le bord. Les bras de part et d’autre de mon visage. J’ai du mal à reprendre mon souffle, surtout que son visage est à cinq centimètres du mien.

« Elle est bonne hein… »

Sa main vient saisir ma fesse, ses lèvres se posent sur ma joue, remontent jusqu’à mon oreille. Il plante ses dents dans mon lobe avant de murmurer :

« Tu es vraiment très belle. »

Il me plaît énormément. Parce que je n’attends strictement rien de lui, il n’y a aucune pression, aucun avenir, rien, je sais que je pourrai me lâcher totalement. J’adore l’idée.

J’enroule mes jambes autour de sa taille. Je sens directement son érection contre ma culotte. Tellement excitant. Il agrippe maintenant mes fesses de ses deux mains et me presse plus fort contre lui. Je joue de mes hanches pour monter et descendre le long de son érection, particulièrement dure. Mes mains s’accrochent à sa nuque, à son crâne. Nos langues s’enflamment l’une contre l’autre. Je suis déjà au bord de la jouissance. Pour ralentir je me remets debout, il prend ça comme une invitation. Il pose ses mains sur ma taille et me retourne en une fraction de seconde. Sa main plonge dans ma culotte tandis que son sexe se presse contre mes fesses. Sa respiration est haletante, mes seins sont pressés contre le bord de la piscine, je ne peux plus penser, plus rien entendre, plus rien voir. C’est tellement bon. Ses doigts s’amusent longtemps avec mon clitoris avant de plonger en moi. Je plaque ma main sur son sexe. Il descend de lui-même son short sur ses genoux afin que je prenne son sexe entièrement dans ma main. Plus je serre son membre, plus j’ai envie de l’avoir en moi. J’envisage de partager mon idée avec lui quand j’entends une voix. Ça fera 6,40€ s’il vous plait. Je tourne ma tête vers le bar. Des clients sont en train de payer leurs boissons.

« Tu n’avais pas dit que tu avais réservé la terrasse ?

-Non j’ai dit ça pour t’impressionner, je ne jette pas l’argent par les fenêtres comme ça ! »

Il remonte rapidement son short sur ses hanches.

« On va dans ma chambre ? Ça sera peut-être mieux ? »

J’hésite entre le gifler et rire avec lui. Le barman nous apporte deux serviettes dès qu’il nous voit sortir de l’eau. Je suis rouge de honte en croisant les clients qui viennent de se déshabiller pour entrer dans l’eau.

Je n’ai pas le temps de détailler le design de sa chambre. À peine entrés il me plaque au mur. Ma serviette et les vêtements que je tiens à la main tombent au sol. Il me soulève et me jette sur le lit.

« On en était où ? »

Sur ce, il me retourne en un éclair et déchire ma culotte.

« Je suis sûre qu’ils en donnent à la réception. »

Il insère deux doigts dans ma bouche, je lèche avec application. Il fait glisser ses doigts humides le long de ma colonne vertébrale avant de jouer à nouveau avec mon clitoris. Je cherche son sexe de ma main.

« Non, laisse-toi faire, je ne vais pas tenir longtemps si tu reprends ce que tu faisais dans l’eau. »

J’enfouis ma tête dans l’oreiller et me cambre davantage, lui offrant mes fesses. Je n’aurais jamais vraiment fait ça en temps normal, mais encore une fois, je sais que ce n’est qu’une histoire d’heures, je ne le reverrai jamais, si ce n’est à la télé. Je ris en pensant à cette éventualité.

Ses doigts se font plus pressants, il les introduit à nouveau en moi. Je l’entends gémir. Je sens moi aussi à quel point je mouille maintenant.

J’entends le bruit du plastique qu’on déchire. Je ne cherche pas à comprendre comment il fait ça sans cesser les mouvements de ses doigts. Enfin, il retire sa main.

« Prête ? »

Décidément, pour un coup d’un soir, enfin, d’un après-midi, il est bien gentleman.

« Plus que prête. »

Son sexe glisse entre mes fesses pour rejoindre l’entrée de mon vagin. Il me fesse d’une main tandis qu’il me pénètre.

Je pousse un cri sous le coup de la surprise.

« Ça te va ? J’aime ça, mais je ne ferai rien de plus. »

« Non très bien. » Je n’ose pas lui dire que j’adore ça.

Je sens qu’il se concentre bien plus sur son plaisir que sur le mien, je décide de faire la même chose. Il me fesse encore une fois, plutôt que de réfléchir à ce que ça implique, ce que j’aurais fait normalement, je crie de plaisir. J’adore ça. Il me fesse encore et encore tout en y allant relativement fort avec son sexe. Le sentant au bord de jouir, je glisse mes doigts sur mon clitoris.

« Mmm ça je peux faire »

Il mouille ses doigts, s’allonge sur le côté, réussissant à ne pas se retirer. Il passe un bras sous mon cou pour venir attraper mes seins d’une main ferme. Il continue à me baiser, encore plus fort, plus profond, tandis qu’il presse ses doigts sur mon clitoris. Je respire plus fort, gémis.

« Je vais jouir… »

« Vas-y jolie serveuse, ravi de vous servir. »

Je jouis en criant, comme jamais. N’est-ce pas le but de ces hôtels insonorisés ?

À dix-sept heures cinquante-cinq un taxi me dépose devant l’entrée du restaurant.

Illustration : Licence Creative Commons – Flickr – Marie